#446
Pascal LamachèrePascal Lamachère
Maître des clés

    Bonjour,

    quand nous nous intéressons à la problématique systémique et à la solution de révolution systémique, paradigmatique, mais aussi en général aux « solutions » à des soucis de civilisation, que nous y pensons, l’envisageons, ce qui est assez frustrant, c’est que quand bien même nous aurions raison sur ce qu’il faudrait faire en théorie, en pratique, pour concrétiser, c’est une autre histoire.

    Philosophiquement, psychologiquement, il y a le concept du « conatus », de persistance dans son être que d’aucuns prennent en compte dans leur stratégie, comme Fréderic Lordon où dans une publication il était question que son projet théorique était de montrer comment Spinoza est susceptible de compléter Marx.

    Aussi, l’effectivité, la concrétisation, l’ancrage, le « comment y arriver ? » est une étape importante au « Pourquoi ? / pour quoi ? / dans quel but et pour quelle fin ? ». Et à l’aune du fonctionnement de notre époque, comme abordé vendredi dernier, il y a de quoi avoir l’impression d’un côté « mission impossible ». Toutefois, ce que d’aucuns pourraient prendre pour Utopie au sens de chimérique, « non réaliste », aurait déjà été expérimenté, et des alternatives de système abouties et une presque aboutie mais sabordées « par des forces obscures ».

    A propos d’une tentative sabordée, déjà évoqué, à écouter ou lire l’épisode 46 du podcast « Revolution Now ! » de Peter Joseph qui évoque, entre autres, les manipulations dont ont été capables les États-Unis pour contrer une autre façon d’organiser « l’économie » au Chili (le podcast est en anglais mais peut être traduit avec l’option de traduction automatique de youtube (activer sous-titres, cliquer sur l’engrenage, puis sur « Traduire automatiquement » et puis sur « Français »), ou vous pouvez aussi traduire la transcription complète publiée après la vidéo) : https://www.revolutionnow.live/episodes/episode46asdf-erckc-g3nhm-zd3be-ykrn8-edjr3-r5srt

    Pour ce qui est de ce que d’aucuns prennent pour Utopie à un moment donné, par ignorance de la concrétisation, voir le documentaire « Vivir la Utopia / Vivre l’Utopie » : https://www.youtube.com/watch?v=-wLH8veaVrw&list=PL9C4E9847954BBFF4&index=65

    Après, étant donné l’état des lieux actuel, difficile d’être certain de comment révolutionner à nouveau, diverses stratégies sont envisagées. Peter Joseph prépare le quatrième film de la série de films Zeitgeist, titré « Zeitgeist | Requiem » : https://www.youtube.com/watch?v=zlJ8KPZakNI

    Et de ce que j’ai compris, accompagné de sa diffusion, à l’époque de la sortie du film, il devrait initier les prémices d’un système alternatif, tel qu’évoqué au cours de la conférence « Une société viable » (A Viable Society) : https://youtu.be/8RSZMVxfv38?t=1406

    Vous pouvez aussi traduire la transcription complète qui a été publiée sur : https://peter-joseph.medium.com/a-viable-society-full-transcript-ac12c123fa53 

    Bernard Friot et le réseau salariat envisagent une solution qui me semble similaire, proche, si ce n’est en commençant par « élargir », « utiliser » ce qu’ils appellent du « déjà là », du moins dans des pays comme la France. Si vous n’avez pas encore pris le temps de regarder ne serait-ce qu’une seule de ses conférences gesticulées ni de consulter de leurs articles sur leur site, je vous encourage à le faire, et une de ses conférences que j’avais trouvée aussi intéressante : Conquérir la souveraineté populaire, sur la valeur et sur la monnaie : https://www.youtube.com/watch?list=PL9C4E9847954BBFF4&v=Fb6vZ7-XiNI

    Et en bref, en prémices du « salaire à vie », pour une sécurité sociale de l’alimentation, du transport, du logement et cetera : https://www.youtube.com/watch?v=lRHO5GfKgFY&list=PL9C4E9847954BBFF4&index=3

    Quelques articles débats au sujet de leur idée que j’avais pas listé sur le fil de discussion dédié :

    Revenu de base ou salaire à vie ? première partie : https://www.revue-ballast.fr/revenu-de-base-ou-salaire-a-vie-1-2/

    Revenu de base ou salaire à vie ? deuxième partie : https://www.revue-ballast.fr/revenu-de-base-ou-salaire-a-vie-2-2/

    Salaire à vie et revenu de base en débat : Bernard Friot et Baptiste Mylondo : https://www.revue-ballast.fr/salaire-a-vie-et-revenu-de-base/

    Les artistes sont aussi des travailleurs — discussion avec Convergence des Luths : https://www.revue-ballast.fr/convergence-des-luths/

    Une histoire politique de la musique classique — discussion avec Convergence des Luths : https://www.revue-ballast.fr/une-histoire-politique-de-la-musique-classique-discussion-avec-convergence-des-luths-2-2/

    Ceci écrit, j’ai de nouveau lu et entendu au cours de la semaine des réflexions d’adeptes du « développement personnel » comme quoi il faut se changer soi pour changer le monde, ou semblable à la pensée mantra de Gandhi : « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde ».

    Le genre de pensée qui me semble découler d’un certain bon sens, d’une sagesse, ne serait-ce que pour cultiver le principe de cohérence avec ses idéaux, ne pas faire ce qu’on pourrait reprocher aux politiciens et adeptes de la langue de bois : « faites ce que je dis, pas ce que je fais ».

    Ce pourquoi j’encourage à avoir une alimentation végétalienne et à tendre vers un mode de vie végan, et évoque l’idée de besoin de révolution de la politique économique pour une civilisation « pérenne », ou du moins qui tente de l’être dans des circonstances qui vont être de plus en plus compliquées pour cet objectif, du fait du réchauffement climatique, mais qui reste valable pour la prise en compte de cette contrainte, soit adaptatif à ce genre de circonstances.

    Toutefois, si je pense important d’être cohérent et de ne pas se comporter comme un Tartuffe, je m’interroge sur les « limites » de ce genre de mantra, de maxime, le côté potentiellement « contre-productif » quand ce genre d’appel à la cohérence n’est pas « contextualisé ».

    Parce que :

    – pour être sensible à ce genre de morale généraliste, il me semble qu’il faut déjà soi-même être en démarche de remise en question, et cela peut culpabiliser celles et ceux qui le font déjà à leur façon mais pensent qu’elles et ils « en font pas assez », qui portent déjà sur eux « le poids du monde », une charge mentale écrasante qui ne rend pas plus « opérationnel » contre les problèmes du monde et de soi ;

    – c’est relatif à une pensée plus ou moins holistique et par son incantation il est normalement entendu mais pas explicité que cet « appel à la cohérence » ne concerne pas les belliqueux, les va-t-en-guerre, les colonisateurs, les tueurs, divers travers, ne s’applique pas à « toutes les habitudes », ou disons s’applique à une conscience bien éveillée des « problèmes et des solutions ». Sauf que quid des victimes d’un conflit ? Des martyrisés ? J’avais lu il y a quelques années un Indien adepte de la non violence et de la pensée de Gandhi faire des émules, lancer un mouvement avec un certain succès après s’être laissé tabasser sans faire de même à son tour, pour vulgariser. Je ne me souviens plus de son nom et je ne puis juger de l’efficacité de sa militance de la sorte, on pourrait considérer que c’est toujours plus efficace que de ne rien faire, que ce qu’il a fait c’est pas tant subir sur le long terme. Et je suis admiratif des juives et juifs antisionistes objecteurs de conscience qui refusent de faire l’armée quitte à être emprisonné(e), ainsi que des membres de l’union juive française pour la paix : https://ujfp.org/
    Elles et ils diraient sûrement ce genre de phrase « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde » à de leur pair, en explicitant que ce n’est pas par le massacre des Palestiniens qu’ils auront la paix. Cela inspirerait, cela parlerait peut-être à des recrues qui du fait de pressions familiales n’ont pas osé s’opposer aux ordres reçus, ainsi qu’aux adeptes – par inconscience – du sionisme.
    Mais dirait-on de même aux Palestiniens en train de se faire bombarder ? Quelle « attitude » vis à vis des armées qui les envahissent et massacrent de leur famille, et cetera, pourrait servir des idéaux, la morale « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde », et faire qu’ils puissent « vivre leur vie » ? D’autant sur une terre empoisonnée ces derniers jours, de ce que j’ai lu, par l’eau salée ? Et que dire aux orphelins ? Cela me fait penser au slam d’une poétesse palestinienne : « Nous enseignons la vie, monsieur ! »  (vostfr) : https://www.youtube.com/watch?v=-LGCTw5wj8U ;

    Alors vous pourriez me dire que si l’on considère important de prendre en considération le souci systémique, l’horizon de révolution paradigmatique, la maxime reste valable, est valable d’une certaine façon. « Être le changement que l’on souhaite voir dans le monde » consiste en l’occurrence à relativiser ce genre de parole, à exprimer l’importance de penser l’horizon et la « stratégie », et ne pas se contenter d’appel au changement par soi sans expliciter le concret « dans quel but, pour quelle fin ? », et cetera. Aussi, c’est fait, j’ai exprimé ce que je souhaitais exprimer à ce sujet. Si ce n’est qu’avec les « fêtes » de fin d’année, j’aurais à insister encore sur l’urgence d’agir contre le réchauffement climatique, que le meilleur cadeau que nous pourrions nous faire ainsi qu’aux enfants, c’est un monde en voie vers de la pérennité, autant que faire se peut, et non pas faire le jeu du consumérisme. Je reclaviarderai à ce sujet la semaine prochaine. Pour le moment, pour aujourd’hui, si vous n’avez toujours pas écouté et lu : Poème « Que faisons-nous ? » et réflexions pour les fêtes de fin d’année : https://www.cuisine-art-politique-et-compagnie.com/forums/sujet/poeme-que-faisons-nous-et-reflexions-pour-les-fetes-de-fin-dannee/

    Enfin, pour aujourd’hui, je termine en partageant le lien évoquant la philosophie de Léon Tolstoï, son éthique. C’est un peu en contradiction avec ce que je viens d’écrire car il n’y est pas explicitement question d’idée de système économique, d’organisation autour d’une révolution de l’économie qui insufflerait du changement qui favoriserait la concrétisation des « bonnes intentions » telle que la Zoopolis, je pense que c’est complémentaire, que cela ferait synergie, qu’il y manque cette composante à l’article, ne serait-ce que d’un point de vue stratégie systémique,

    mais de celles et ceux qui pensent aux soucis systémiques, à une révolution économique, ont tendance à sous-estimer l’importance de la cause animale, ou tout du moins ne pas l’évoquer, ou trop rarement et pas comme il me semble il faudrait, aussi, je pense important de l’évoquer tel un rappel, un appel à la complémentarité :

    L’éthique de Léon Tolstoï : https://liberationanimale.com/2010/07/19/vegetalisme-ethique-leon-tolstoi/

    Voilou, bon week-end !