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Pascal LamachèrePascal Lamachère
Maître des clés

    J’ai lu hier que l’agence météorologique espagnole était la cible d’insultes et de menaces de la part de climato-sceptiques. J’imagine que ce n’est pas uniquement suite à des prédictions de canicules, de températures records pour la semaine prochaine, qu’ils ont dû le lier au réchauffement climatique planétaire dans leur façon de les présenter.

    Toujours est-il qu’il y a eu des réactions « pas glop » de gens dont on pourrait penser qu’ils pensaient « bien faire » d’une certaine façon mais qu’ils ont gobé de la mal-information, des intox, à moins que cela soit du fait de lobbies d’inconscients. Ce qui revient au même en fait. Et qu’à mon sens c’est symptomatique du mauvais traitement autour du sujet, d’une certaine inconscience générale.

    Dans le genre inconscient, certains titres ont récemment évoqué le phénomène El Nino à venir, l’alerte de l’ONU, que le monde devait se préparer à des températures records. Pas que cela soit « inconscient » de prévenir. Plus la « formulation ». Car juste que cela fait des décennies qu’il y a des alertes sur les dangers, des extrapolations, sur le fait qu’il aurait fallu réduire drastiquement les émissions de Co2 et de méthane, l’intérêt d’une alimentation végétale équilibrée aux besoins nutritionnels et du véganisme, d’adapter les transports en commun et l’économie, et cetera, mais si il y a eu développement d’énergies alternatives, l’utilisation d’énergie fossile n’a pas pour autant cessé ni même globalement encore diminué si j’ai bien compris, et cetera.

    Alors pouvons-nous nous « préparer » ? Certains peuvent songer à des ventilateurs, mais les incendies, feux de forêts, sécheresse ? Idéalement, ce n’est pas « se préparer », une adaptation, mais une révolution en conséquence des problèmes écologiques et éthiques qu’il aurait fallu, faudrait. Et certes, il faut aussi « se préparer » sur les dangers à court terme, mais pour évoquer qu’il ne faut pas se laisser piéger par les éléments de langage « politiciens » qui ne chercheraient pas à s’attaquer aux causes profondes du dérèglement climatique sur le long terme.

    Cela me fait penser qu’il y a quelques années j’avais lu un très long article, une thèse sur ce que d’aucuns considéraient les priorités écologiques. La luttes contre le dérèglement climatique n’y était pas dans la priorité des priorités. Je n’ai pas retrouvé le lien, je me souviens surtout qu’à l’époque, à l’aune de mes connaissances de l’époque, je l’avais trouvé plus ou moins pertinent, et qu’indirectement un certain nombre de causes étaient liées au dérèglement climatique mais que cela permettait de ne pas se faire piéger dans un débat binaire autour du dérèglement climatique en faisant comprendre qu’il y avait en tout cas des soucis écologiques à régler, et que multiplier les voitures électriques ne faisait pas en soi la solution des solutions. Je ne sais si je le trouverais toujours aussi pertinent, probablement en partie, si ce n’est que l’évidence de l’urgence du souci climatique devrait permettre d’agir comme un accélérateur sur le besoin de révolution.

    Bon, les insultes et menaces de climato-sceptiques reflètent que de la population n’est pas encore convaincue par le péril climatique. Et par curiosité, j’ai regardé hier quelques publications de climato-sceptiques. Certains, si ce n’est leur « argumentum ad personam », m’auraient presque fait douter l’espace d’un instant. Je comprends qu’ils se soient faits eus par de la mal-information, des mauvaises interprétations de données, moins qu’ils relayent des propos fallacieux, qu’ils ne comprennent pas l’évidence de l’impact de l’activité humaine sur l’environnement, dont météorologique, les effets de la pollution du fait de l’exploitation de mines et utilisation des énergies fossiles, et cetera.

    Certains vont jusqu’à accuser le dérèglement climatique de servir comme argument contre l’intérêt de peuples, dans la mouvance des accusations des manipulations par de ce qu’ils considèrent être le « nouvel ordre mondial ». Rarement lu plus malhonnête, plus inconscient, plus « malentendu ». Je dirais même que c’est une inversion de culpabilité. Cela fait plusieurs décennies que des scientifiques alertent, il y a eu des COP, mais concrètement, dans les implications politiques et géopolitiques délétères, c’est plutôt les « climato-sceptiques », des intérêts en lien avec ce qui provoque du dérèglement climatique qui ont fait marcher le moteur civilisationnel et des guerres, si je puis dire.

    Et je comprends qu’on puisse être sceptique sur des idées de solution, d’ailleurs je suis moi-même sceptique quand des gens évoquent des mesures qui pourraient se faire dans le cadre du « capitalisme », néolibéralisme, sans remise en question du système économique, sachant qu’il s’agirait aussi de « justice sociale », de ne pas oublier de l’éthique, d’une remise en question systémique.
    Toujours est-il que j’en viens à constater que le « climato-scepticisme » sert de rhétorique à des idéologies de droite, qui y trouvent mauvais prétextes pour tenter de contrer ce qui relèverait du « bon sens » ; du « bon sens » qui tente de mettre en place une pérennité de civilisation, si tant est que cela soit encore possible.

    « Urgence »

    Phénomène El Nino, urgence, il faut se préparer, alerte l’Onu,
    Urgence, le GIEC et d’autres ont encore et encore déjà prévenu,
    des décennies pour agir, mais des politiques plus ou moins au statut quo,
    sur une trajectoire qui fait grimper la température et les eaux.

    Urgence !, il faut sauver les océans, comme le capitaine Watson l’a écrit,
    urgence, il faudrait arrêter les réformes de Macron et de Borne, et autres bêtises,
    et dans l’élan une république adaptée aux enjeux d’ère, aux soucis,
    mais qu’arriverons-nous à faire avant la fin de toute banquise ?