#441
Pascal LamachèrePascal Lamachère
Maître des clés

    femme avec drapeau de la Palestine sur le visage

    J’ai d’une certaine façon un contentieux avec les adeptes du complotisme, ou du moins d’un des courants, de celles et ceux qui l’instrumentalisent par peur de l’instrumentalisation, de la récupération, par peur d’un « agenda caché », favorisent d’une certaine façon le statu quo, et favorisent en fait de ce qu’ils craignent ou de ce qu’ils contestent, et me semblent assez inconscients d’une certaine causalité, de problèmes de fond et de « solution », de potentialité. Tels les climato-sceptiques.

    Et autant je trouve intéressant de réfléchir à diverses théories, autant, quand on est dans une « quête de vérité », j’ai l’impression que des thèses complotistes brouillent les pistes, au sens de jeter l’anathème sur telle ou telle remise en question sans examen sérieux des idées, des versions, qui ne sont pourtant pas celles du système, des gouvernants.

    Cela m’est revenu en relisant ce que j’ai écrit pour vendredi dernier, ainsi qu’à la lecture de réactions à un exposé vidéo autour des manuscrits de Nag Hammadi, où nombre de commentateurs ont semblé se considérer plus spécialiste de la théologie que l’intervenant, tentant de balayer par leurs seuls arguments d’autorité, fondés de mon point de vue sur la peur de la remise en question de leurs croyances religieuses, le propos, l’histoire autour de ces manuscrits, et non pas sur des arguments pertinents.

    Vous le savez peut-être déjà si vous vous êtes intéressé(e) à diverses thèses de médias alternatifs, mais une des marottes du « complotisme », c’est le nouvel ordre mondial, dont l’avènement est soit dit en passant plus ou moins déjà réalisé, et viendrait avec une nouvelle religion, et cetera. Et donc ce qui aurait tendance à remettre en question des dogmes religieux, des coutumes, d’aucuns ont tendance à l’assimiler à ce dessein politique, cette « finalité ».

    Je serais curieux de connaître combien d’entre eux connaissent réellement le sens originel des textes de la « Bible officielle » et non pas la traduction approximative, ont sincèrement examiné et réfléchi dessus. De quoi penser qu’ils ont une « foi du charbonnier », ont une tendance de pharisien.

    Et toujours est-il que je suis loin d’avoir tout lu, je ne sais pas si je trouverai le courage et le temps de tout lire, mais je trouve très intéressant de connaître cette version : Les manuscrits de Nag Hammadi : https://afrikhepri.org/les-manuscrits-de-nag-hammadi-pdf/

    Et liste des traités de la Bibliothèque copte de Nag Hammadi : https://www.naghammadi.org/traductions

    Et puis qui connaît l’histoire des conciles, des débats, des controverses, me semble devoir comprendre l’aspect « politique » aux racines de ce que certains ont retenu, mis de côté, et matière à remises en question des choix d’alors plutôt que de vouloir jeter l’opprobre sur une interprétation « non orthodoxe » par principe que pourrait ébranler un courant, une branche, une doxa.

    Et bref, plutôt que de craindre un « nouvel ordre mondial » déjà en place d’une certaine façon, ainsi que de voir d’un mauvais œil un approfondissement de la spiritualité amenant à de la remise en question ; et parce que au fond celles et ceux qui remettent en question les dogmes religieux le font parce qu’ils étudient des textes, cultivent leur spiritualité, mettent à l’épreuve leur conscience, font un effort sur le chemin spirituel ; il me semble que ces « complotistes » devraient plus réfléchir à leurs propres idéaux et aux soucis dans le monde.

    Aussi, si il y a de l’instrumentalisation religieuse à craindre, cela me semble plus être du côté de certains « orthodoxes ». Encore que je ne suis pas certain qu’il soit approprié de les considérer comme tel. Si ce n’est que dans les « forces politico-religieuses en présence », j’ai appris qu’il y en a qui ont une certaine foi et dont l’ambition serait d’être au service d’une prophétie, qui du coup serait comme une prophétie auto-réalisatrice, favorisant une forme d’apocalypse.
    Au passage, je ne sais pas si ils cachent leurs croyances, mais sans l’associer à une religion, sur le plan / facette qui serait uniquement par le politique, tout en revenant un peu au même dans l’idée que les religieux de l’apocalypse, j’avais lu thèse de gens prêts à jouer un jeu très dangereux, avec le feu, tels des pompiers pyromanes, partant du principe qu’une stratégie à mettre en œuvre pour révolutionner le système, de repartir sur des bases saines, serait de pousser à bout l’actuel, exacerber les excès du capitalisme néo libéralisme, mettre en exergue les travers en donnant le mauvais exemple jusqu’au point de non retour, si je puis dire, de ce que j’ai compris.

    J’imagine que vous en conviendrez, que ces « bonnes intentions » pour la finalité ne peuvent s’ancrer de manière certaine, que remettre sa foi dans un après, après avoir favorisé du « pas glop », penser qu’il ressortira un mieux être collectif de la sorte est un pari douteux, contestable. Et que même si avoir théorisé des idées pour un système ne garantit par l’application, il vaut mieux s’attacher à comprendre au mieux les soucis et les potentialités, se forger des idéaux et militer pour, savoir où l’on veut aller en terme d’idées, et militer dans l’objectif que cela se réalise, que se mettre au service d’une apocalypse comme ils le planifieraient, avoir recours à une stratégie où les fins justifieraient les moyens, et où les mauvais moyens mis en place fragiliseraient voire seraient contre-productifs pour une assurance de concrétisation d’un horizon.

    Et vous me trouverez probablement condescendant de considérer qu’ils ne l’ont pas fait, de juger de la sorte, mais je pense qu’il convient de bien s’informer et de bien diagnostiquer les problèmes sociaux, élever son niveau de conscience, réfléchir aux moyens appropriés en conscience des difficultés, de certaines complexités telles que les diversités des mobiles des uns et des autres, mettre au point un plan avec capacité d’adaptation tout en étant ferme dans l’objectif, dans ses convictions.

    Bon, je vous parais certainement un peu abscons ou trop « généraliste », dans la théorie, au cours de ces réflexions, du partage de ces pensées. J’espère que vous aurez compris ma considération critique de ce qui me semble être de la mauvaise foi, le problème de l’instrumentalisation des croyances sans forcément bien comprendre les problèmes sociaux, de la critique de celles et ceux qui mettent des bâtons dans les roues d’idéaux par peur du changement, favorisent des préjugés par conservatisme.

    A ce propos, pour contrer les préjugés et être au service d’idéaux, je pense qu’un des moyens c’est la participation à la « bataille des idées » d’une manière ou d’une autre. Avoir le courage de ses convictions. Si ce n’est que si sur internet le travail de militant peut être facilité, il semblerait et il est logique qu’une audience conséquente a beaucoup plus d’impact, vaut un grand nombre de militants. Du moins, j’avais lu une étude sur le sujet le laissant entendre, et même si c’est délicat de comparer de la sorte, il m’avait semblé que suite à sa participation à un débat à une émission pas mal écoutée, un professeur engagé pour une démocratie directe, assemblée constituante citoyenne et RIC, avait eu beaucoup plus de gens s’intéressant au projet que pendant des années avec le soutien de gens l’ayant connus et partageant ses idées avant la diffusion. Et peut-être que sa médiatisation vient en partie du fait de soutiens de militants de longue date, et c’est sur le long terme qu’il faudrait pouvoir juger de l’efficacité, reste que cela m’a semblé illustrer le pouvoir médiatique et le possible peu d’effets de commenter « à droite et à gauche » sur divers espaces du Web.

    Et si c’est pas pour autant qu’il ne faut pas se décourager quand on est convaincu de ses idées, quitte à prêcher dans le désert ou à être comme Don Quichotte, et que je me dis qu’il ne faut pas avoir peur de la confrontation, des tensions, qu’il est nécessaire, pour l’évolution des consciences, de prendre le temps de se forger une opinion « pesée et emballée » et d’oser exprimer le fond de ses pensées, je me pose des questions sur l’efficacité. Peut-être qu’il ne faut pas chercher à être le plus efficace possible, ne pas chercher à pratiquer une forme de productivisme militant, tant en plus il est difficile d’être certain sur le long terme, et qu’il vaut peut-être mieux faire « comme on le sent ».

    J’écris cela un peu comme une sorte d’auto-critique, ou disons une sorte de mise au point, au clair de ma façon de procéder par rapport à mon mode de fonctionnement, ma propre militance. Même si internet permet aux timides de s’extérioriser, d’être un peu « extraverti », à moins de le prendre comme un jeu de rôle, c’est un peu se faire violence, on est pas tellement plus dans une zone de confort quand on expose ses idées même par écran interposé, et si il fut un temps où je « croisais le fer » avec divers militants et des commentateurs de médias de masse sous des pseudonymes, à en devenir parfois odieux ou devoir faire face à des qui l’étaient, et si j’ai une certaine nostalgie de certains réseaux, je ne me vois pas de nouveau faire de même et je me questionne toujours sur l’efficacité, tel un constat de l’impuissance de l’expression de nos avis sur ce qui se passe en Palestine, à Gaza, pour les aider. J’imagine que les manifestations de soutien sont toujours bienvenues, qu’elles valent mieux que rien dire ou rien faire, mais j’en ai lu faire pression sur tel ou tel artiste pour qu’ils et elles prennent position en faveur des Palestiniens, et je me dis que si ils et elles ne l’ont pas encore fait, c’est peut-être non pas par indifférence mais par dépit face au déroulement des atrocités.

    Au passage, pour vous informer sur la situation en Palestine : Télé Palestine : https://investigaction.net/category/tele-palestine/

    Des articles : https://investigaction.net/?s=Gaza

    Pour le message par l’art philosophie poésie, vous pourrez voir des vidéos du journal de Personne entre autres sur : https://www.tiktok.com/@le.journal.de.personne

    Une analyse de Peter Joseph dans l’épisode le plus récent à ce jour de son podcast Révolution Maintenant ! (c’est en anglais mais vous devriez pouvoir traduire d’une manière ou d’une autre la transcription complète publiée après la vidéo) : https://www.revolutionnow.live/episodes/episode47

    Ceci écrit, pour revenir à mon contentieux avec les adeptes du complotisme, ou du moins d’un des courants, si je suis enclin à défendre d’une certaine façon du « complotisme » par rapport à la critique des politiques, tel que le fait cet économiste philosophe que j’avais trouvé pertinent à l’époque où j’avais lu l’article : Conspirationnisme : la paille et la poutre : https://blog.mondediplo.net/2012-08-24-Conspirationnisme-la-paille-et-la-poutre

    Il n’en reste pas moins que dans la préoccupation « dans quel but, pour quelle fin ? », comme expliqué, laissé entendre, certains me semblent faire fausse route, en amalgamant à la fois critique des politiques actuelles, des desseins occultes, et pratiquant la défense de politiques réactionnaires, conservatrices qui y ont menées. Et occulter qu’il y a de bonnes raisons de cultiver une spiritualités, de chercher de la vérité « en son âme et conscience » sans se référer à un dogme fondé sur du contestable.

    A propos des contradictions sur le plan politique de la part de « complotistes », une forme d’inconscience à mon sens, un article qui me semble synthétiser le souci : A propos des Dominants : https://investigaction.net/A-propos-des-Dominants/

    Il n’y est pas question de complotisme en soi, mais de ce que je me souviens, je l’avais trouvé pertinent par rapport au souci de certains complotistes qui par leur tendance conservatrice, leur prisme politique, avaient le tort qui y est critiqué.

    Et re ceci écrit, précisé, je ne comptais pas aborder de nouveau le sujet de sitôt, d’autant que je vous ai déjà suggéré de la doc’ pour la défense philosophique et nutritionnelle de l’éthique végane antispéciste, mais les fêtes de fin d’année se profilent, j’ai en tête l’horreur faite aux animaux, et j’ai aussi un « contentieux » vis à vis de l’ « humanisme spéciste », de l’anthropocène, et plus largement des « carnistes ». Et ce que j’ai écrit à propos de complotistes est aussi valable pour eux, d’autant que d’entre eux ont en commun une rhétorique critique contestable, bancale à l’égard du véganisme, du moins selon le prisme du véganisme antispéciste ayant pour idéal de la Zoopolis.

    Aussi, par la même occasion, je voudrais revenir sur ce que j’ai écrit sur les adeptes du « développement personnel ».

    Celles et ceux qui vous disent par amertume que l’être humain est ceci ou cela, que tel ou tel travers serait l’apanage de l’homme me semblent généraliser leur propre mode de fonctionnement et / ou manquer à relativiser selon l’influence systémique, un état d’esprit systémique.

    Si vous ne connaissez pas, je vous invite à voir le documentaire « Vers un monde altruiste ? », mais pour résumer, certaines études tendraient à prouver un aspect inné à être prêt à aider autrui, et que c’est plus la division du monde par influence systémique qui nous conduirait à avoir un comportement différent au fil du temps.

    Et un article qui conteste le concept du « propre de l’homme » : Apologie de la mauvaise foi : L’inconsistante Apologie du carnivore de Dominique Lestel : https://www.cahiers-antispecistes.org/apologie-de-la-mauvaise-foi/

    Et mon souci par rapport à l’ « humanisme spéciste », des carnistes, d’une partie des complotistes, de religieux et de certains militants politiques, y compris des personnalités de gauche et même de philosophes situationnistes, c’est leur tendance aux préjugés, aux clichés, à ignorer l’intérêt nutritionnel, et cetera, quand bien équilibré, à mésestimer le véganisme, la philosophie antispéciste, la cause animale, le considérant au mieux comme une mode de bobo gaucho européen ou au pire comme une mauvaise influence par une « propagande sataniste des sectes américaines ». Du grand n’importe quoi ! Et assez cocasse si on considère que c’est faire couler le sang qui relève du satanisme et quand on sait que des pratiquants de diverses religions sont devenus végans du fait de leurs soucis pour les animaux, aussi sur la base de leur foi, l’ouverture de leur conscience aux problèmes éthiques et écologiques et interprétation de textes.

    L’Islam, les animaux et la rahma : https://lamorce.co/lislam-les-animaux-et-la-rahma-bonnes-feuilles-du-recueil-la-pensee-vegane-2020-dirige-par-renan-larue/

    Je voudrais donc re relativiser ce que j’ai écrit sur les adeptes du « développement personnel ».

    D’un côté je pense important de comprendre le souci systémique, de ne pas réduire la solution à des efforts individuels et du consumérisme,

    de l’autre, je trouve dommage et contestable que pas plus de « penseurs systémiques » ne militent pas pour le véganisme antispécisme, déculpabilisent les individus de la responsabilité de l’humanité vis à vis de l’ensemble du vivant.

    Donc, si je trouve dommage que pas plus de végans et autres adeptes de l’effort individuel ne militent pour une révolution systémique, collective, je trouve aussi dommage que des conscients du souci systémique ne s’informent pas mieux sur la cause animale et ne militent pas pour, sous prétexte de se concentrer sur de la cause des causes, quand c’est pas par préjugés (et réductionnisme ; il serait temps d’apprendre que le passé de l’humanité ne se réduit pas à « chasseurs-cueilleurs », qu’il y aurait eu des peuples végé d’avant le néolithique).

    Un lien que j’avais déjà partagé mais que je remets, au cas-où vous ne l’ayez pas encore lu : A propos du souci économique, écologique, politique et éthique, de la cause animale, la cause palestinienne, un article où est abordé la critique de la part de certains et l’intérêt du véganisme antispéciste anticapitaliste : https://www.revue-ballast.fr/jerome-segal-qui-sont-les-animaux/

    Et des intervenants du podcast « Comme un poisson dans l’eau » évoquent ce genre de considération, tel que les épisodes autour du risque d’Écofascisme et :

    Approche intersectionnelle de l’animalité : entre racisme et spécisme : https://www.youtube.com/watch?v=nERrpDq3q8A

    Antiracisme et antispécisme peuvent-ils s’allier ? : https://www.youtube.com/watch?v=dizsz0crC5U

    Dans un autre genre, le sujet OVNI est aussi l’objet d’anathèmes de la part d’une branche du complotisme. Alors que si là aussi y a de quoi se méfier des récupérations politiques, des instrumentalisations par la politique, le sujet est suffisamment tangible pour être étudié et pris au sérieux. J’essayerai de l’évoquer dans un futur message. Peut-être pas vendredi prochain car j’ai pas encore développé certaines réflexions que je voulais vous partager, j’ai pris du retard, et pour aujourd’hui j’ai déjà beaucoup écrit et partagé.

    Pour la route, quelques vers :

    Route de Babel,
    le monde tombe, rebelle,
    tant de déplacés climatiques,
    de tragédies, d’instants critiques.

    Route de Babel,
    le monde se cherche, se perd,
    perte de repères,
    tel à Gaza après le passage d’Israël.

    Route de Babel,
    il faut s’accrocher, le cœur soigner,
    pour ne pas sombrer, à l’accalmie se relever,
    et participer d’un écosystème pérenne, une révolution de civilisation de la terre au ciel.

    Bon week-end, à vendredi prochain !

     

    Photo d’illustration trouvée sur : https://pixabay.com/fr/illustrations/femme-portrait-visage-chagrin-8353953/