› Cuisine, Art, Politique et Compagnie › Politique (politique, géopolitique, économie, écologie – articles, documentaires, conférences, docs dédiés à cette « thématique » – Partie réservée à une ligne éditoriale en accord avec certains idéaux) › Politique générale, géopolitique, économie, écologie › Le rendez-vous du vendredi › Répondre à : Le rendez-vous du vendredi
J’espère que vous allez bien, autant que faire se peut, si je puis dire.
Il y a quelques jours je me suis remis à penser aux divers « plans de vérité », à l’importance de la contextualisation d’une pensée et de la matière à penser, de prendre le temps d’y penser pour avoir un point de vue le plus holistique possible, ainsi qu’aux vanités, à l’intérêt que nous accordons à de ce que nous pouvons faire, au sens que nous y donnons, et en général au sens de ce que nous appelons la vie. Et de ce que nous devrions faire collectivement, et de ce que je peux faire personnellement.
Cela m’arrive assez régulièrement, quand je lis des articles ou écoute des conférences évoquant tel ou tel souci dans le paradigme capitaliste sans le remettre plus en question, et c’est probablement plus une succession de pensées critiques qui m’ont amené à retourner en rond aux portes d’une quête d’essence ciel. Toujours est-il que cette fois il me semble que cela a débuté avec l’écoute d’une vidéo prétendant démystifier une femme se présentant comme Médium, prétendant la « débunker », croyant mettre en lumière des contradictions dans l’histoire de cette femme dont les dons seraient reconnus par de ses pairs et de celles et ceux l’ayant consulté. Et ma réflexion s’est alimentée, poursuivie avec la lecture d’un titre à propos de Bill Gates qui aurait espéré que le monde deviendrait plus rationnel avec la création d’Internet, du fait de l’accès aux connaissances, à des faits, des données.
Je n’aime pas trop les discussions débats à l’oral où les gens ne partent pas de la même matière à penser, cela peut compliquer la cristallisation, la difficulté du partage des connaissances, des pensées, la compréhension des idées, en plus des difficultés pour communiquer théorisées par Bernard Weber (« entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous voulez entendre, ce que vous entendez, ce que vous croyez en comprendre » et cetera), d’autant qu’un sujet ramenant souvent à un autre, avec aussi la préoccupation d’un cause à effets et pas juste disserter sur une question particulière, j’ai tendance aux digressions.
L’écrit a l’avantage que l’on peut prendre le temps de la réflexion et de l’expression, d’y revenir, de peaufiner, de clarifier, de préciser, même si nous pouvons aussi y avoir une tendance à la « spontanéité » et écrire parfois des bêtises pour une raison x ou y. Si ce n’est que quand on a philosophé un bon moment jusqu’à une sorte de « eurêka » sans écrire le fil de la réflexion, il n’est pas forcément évident de l’ancrer ensuite, de retrouver ce qui s’est évaporé, est retourné à la « noosphère ». Et comme vous pouvez le constater, j’y ai aussi tendance à la digression. D’autant que depuis plus d’une décennie maintenant ma curiosité m’a poussé à m’intéresser à des sujets divers et variés, hétéroclites, essayant de le faire de façon éclectique.
Et bref, je vais essayer de retrouver le fil de ma pensée pour vous restituer au mieux ce que je souhaitais vous écrire au sujet des « plans de vérité », et cetera.
Alors, alors, pour revenir sur la prétention d’un monsieur à « débunker » la médium : celle-ci racontait au cours d’une interview avoir pu communiquer avec un esprit du moyen-âge comme si elle discutait avec une personne du temps présent, dans la rue, dans sa « vision », en précisant que l’esprit la voyait comme vêtue à la mode de son époque, et la critique, l’incohérence que trouvait le « débunkeur » c’était sur le fait qu’à cette époque le « français oral » était limite incompréhensible pour des gens de notre époque n’y étant pas coutumier, ne l’ayant pas étudié à en être plus ou moins érudit. Sauf que quand on écoute en entier l’entretien accordé par la femme se présentant comme Médium, elle donnait des précisions, expliquait le fonctionnement de façon plausible si on y croit. Être sceptique, avoir du mal à y croire c’est une chose, sortir un extrait de son contexte pour ergoter dessus comme il l’a fait, c’est faire preuve de malhonnêteté. Et on pourrait lui laisser le bénéfice du doute, partir du principe qu’il n’avait pas connaissance de l’explication apportée, qu’il a disserté sur l’extrait qui lui a été soumis, mais je pense que quelqu’un qui pratique l’esprit critique et aspire à l’étant zététicien se doit de le pratiquer aussi pour lui, d’envisager ce qui invalide son raisonnement critique. Et si il avait été honnête dans sa critique, il aurait cherché à comprendre en premier lieu et non pas préjuger à en faire une vidéo pour tenter de lui jeter l’opprobre.
Bon, une explication cohérente ne fait pas la « vérité ». Il est sain de douter de « faits » et d’histoires dont nous ne sommes pas directement témoin, d’essayer de réfléchir si, en l’absence de pouvoir le savoir par soi-même, de pouvoir le vérifier, il n’y a pas une incohérence. Néanmoins, exercer le doute, le scepticisme, c’est aussi penser à une ou aux versions, aux explications qui rendent cohérent ce qui nous est raconté. Et je n’ai pas investigué moi-même, il me semble que certains remettent en question des protocoles d’études, mais certains médiums comme cette dame sont pris au sérieux par des autorités, des enquêteurs, il y aurait eu des cas laissant à penser que le don est authentique. Aussi, ce n’est pas parce qu’il y a eu des charlatans et des canulars dans l’histoire du spiritisme, des « phénomènes paranormaux », qu’il faut généraliser le jugement négatif. Certainement pas comme il l’a fait.
Un exemple de critique que je trouve plus à propos, c’est celui d’un livre où il est question de communications avec des esprits d’un « ordre ancien ». Sur la fiche dédiée à ce livre, une historienne critique la version des faits, l’interprétation historique, voire des grandes parties de l’histoire rapportée, sans dénier la capacité de la dame de communiquer avec l’au-delà. Sachant qu’il pourrait y avoir des esprits farceurs, trompeurs pouvant abuser de la sensibilité de celles et ceux arrivant à les « contacter ». Et même si vous n’y croyez pas, que pour vous la médiumnité c’est des « histoires à dormir debout » ou à se bercer, il me semble que vous devriez pouvoir mettre de côté votre propre non croyance et que vous pouvez admettre cela plausible. Et j’ajouterais que l’historienne a sûrement acheté le livre car elle connaissait sûrement certains mystères laissant à penser la capacité plausible, y accorde un certain crédit, avant de trouver matière à critiquer de ce qui y était raconté.
Je vous rapporte cela non pas pour signifier que l’historienne critique a raison en matière d’interprétation des connaissances du passé, dans sa critique, d’autant quand il y a une facette ésotérique, j’ai l’impression qu’il n’y a pas consensus même chez les historiens et fins connaisseurs, et puis c’est un sujet (l’histoire de « l’ordre ancien ») où j’ai pas encore suffisamment de connaissances pour me faire un avis éclairé. Juste pour donner un exemple de « pratique du doute » que je trouve moins contestable.
Au passage, à propos de « pratique du doute », des faits qui peuvent être connus et de l’interprétation des faits, et pour revenir sur l’importance de la « matière à penser », j’ai l’impression que les désaccords entre des « camps » viennent souvent surtout de la connaissance pour les uns et l’ignorance des « faits » pour les autres.
En écrivant cela, je pense aussi à un site que j’ai parcouru il y a quelques temps d’un se vantant d’être zététicien, « neutre » dans sa démarche, le prisme de son analyse critique des arguments de végans. Mais passé son speech de présentation, pour qui a bien étudié le sujet, il me semble qu’il apparaît assez vite son parti pris contestable, qu’il n’a pas les connaissances à jour, fait des biais de réflexions, des sophismes. Et certes, j’ai moi-même mon parti pris en tant que végétalien végan, mais j’ai évolué dans mes prises de conscience, dans ma connaissance du sujet, j’avais pris le temps de me documenter avant de le devenir et il ne me semble ainsi pas juger sa critique, son jugement, par « aveuglement idéologique », juste qu’avec ce que j’ai appris je trouve à redire à ses assertions, autant à sa prétendue neutralité qu’à son contre-argumentaire. Et au final « son » site ressemble plus à celui d’un lobby de carnistes cherchant à intoxiquer les débats sur le véganisme, à se faire passer pour ce qu’il n’est pas pour décourager les curieux hésitant et qui s’informeraient à diverses sources avant de prendre une décision.
Et si je veux bien croire qu’au départ ce n’est pas un site de lobbyiste, et que c’est probablement celui d’un internaute qui s’est surtout fait eu par des lobbies carnistes le rassurant dans son carnisme, qu’il n’a pas cherché bien loin pour ne pas remettre en question ses mauvaises habitudes et voir qu’il y avait des contradictions à apporter à ses contradictions, juste que ce qui me rend sceptique entre l’intention affichée et le « résultat », c’est qu’une démarche de doute, de « chercheur de vérité » tatillon me semble ne pas s’accompagner d’autant de préjugés et d’allégations et mal-information qu’il en a synthétisé, qu’il en a rapporté. Par exemple, on peut critiquer les allégations santé par principe / généraliste, sachant qu’on peut manger trop sucré et trop salé, qu’on peut avoir une alimentation déplorable aussi en tant que végan, qu’il n’y pas qu’une seule alimentation végétalienne, si ce n’est qu’en général les allégations santé s’accompagnent de conseils d’alimentation équilibrée, de personnaliser à ses besoin nutritionnels avec b12, et cetera (et pour information, des sportifs de haut niveau très célèbres sont végans, y ont trouvé un intérêt). Et les allégations écologiques sont relatives, sachant que tous les vêtements « végans compatibles » ne sont pas forcément écolo par principe, et cetera, si ce n’est qu’il y a là aussi une part de vérité. Et donc relativiser ou critiquer la simplification des arguments n’enlèvent pas la part de vérité de ces arguments, et certainement pas la possibilité d’avoir une alimentation végétalienne adaptée quand il est pas fait de nombreuses allergies alimentaires.
Aussi, les débats autour du véganisme me semblent être un bon cas d’école d’exercice du doute, de la pensée critique, et de constatation que de ceux qui prétendent le cultiver font preuve de mauvaise foi plus que de s’y appliquer. On pourrait considérer que c’est difficile de l’exercer à 100 % sans se forger de conviction, de la même façon qu’il y a des faits, des données dans des études scientifiques et que c’est les interprétations qui sont parfois sujettes à divergences, qu’à un moment donné les convictions disposent aux biais, si ce n’est qu’un certain degré de mauvaise foi laisse à douter de l’honnêteté intellectuelle, pour ne pas dire laisse à penser une certaine forme de corruption.
Sa mal-information autour des protéines végétales en introduction et sa réflexion, contre argumentation sur la B12 m’ont conforté dans ce sens. Car si il y a certainement matière à relativiser l’argument des animaux d’élevage supplémentés en B12, du fait que le nombre ne serait pas aussi important qu’avancé, que je suis prêt à le croire sur cela, sa raison / défense avancée pour la supplémentation animale (pour la productivité, le fait que les animaux pourraient ne pas en être dépendant) n’enlève rien à la remarque et critique du concept des « animaux emballages » dans le paradigme de l’élevage de masse : https://www.cahiers-antispecistes.org/les-animaux-emballages/
et même si les chiffres des animaux supplémentés seraient moins importants que ceux avancés dans certaines publications, pas de quoi en conclure comme il l’a fait que les végétaliens sont plus dépendants à la supplémentation et que le fait de « dépendre » de la production de vitamine b12 rend les végans plus dépendant d’un lobby et que cela serait en contradiction avec la critique du fonctionnement des lobbies aux intérêts privés, se souciant guère de l’état de la société et de la planète. D’autant qu’au final :
– tout un chacun dépendant d’un système, très peu de gens ont pu développer une autosuffisance alimentaire (et parmi eux il y aurait des communautés véganes), et la mise en évidence du souci des « animaux emballages » me semble plus pertinente que la relativiser pour faire passer les végans pour plus dépendants d’un système que les autres, ce qu’ils ne sont pas ;
– si la vitamine b12 est produite par des entreprises privées, elle pourrait tout aussi bien être produite dans un autre paradigme par une « entreprise citoyenne » ;
Je ne sais pas si je suis très clair dans mon explication d’une mauvaise foi que je trouve confondante, j’espère que vous aurez compris le propos autour de la vitamine b12. Je pourrais ajouter que certains végans remettent en question l’intérêt de se supplémentaire en b12, on m’avait soumis un article à ce sujet, la thèse développée, de ce que je m’en souviens, c’est que cela ne concernerait pas tant les aliments qui en contiendraient en surface suivant un mode de culture, importance donnée à la qualité de l’eau, aussi, si le lien / développement de thèse vous intéresse j’essayerai de le retrouver, mais je trouvais que c’était des allégations douteuses et je pense que par précaution il vaut mieux se supplémenter.
Un monsieur qui me semble très bien synthétiser le souci autour de la B12 : The Symptoms of Vitamin B12 Deficiency (vostfr disponible) : https://www.youtube.com/watch?v=DMDUQLxFJcY
Le guide ultime de la vitamine B12 : https://www.petafrance.com/vivre-vegan/le-guide-ultime-de-la-vitamine-b12/
Par rapport à d’autres critiques et réponse à ces critiques, un article que je vous ai déjà invité à lire : A propos du souci économique, écologique, politique et éthique, de la cause animale, la cause palestinienne, un article où est abordé la critique de la part de certains et l’intérêt du véganisme antispéciste anticapitaliste : https://www.revue-ballast.fr/jerome-segal-qui-sont-les-animaux/ »
Et pour en savoir plus sur le véganisme, l’antispécisme, un podcast philosophique sur la cause animale, contre le spécisme, où vous pourrez écouter un épisode consacré à la nutrition : Comme un poisson dans l’eau : https://www.youtube.com/@poissonpodcast/videos
Et pour des conseils nutritionnels et recettes, voir le site de l’association L214 : https://vegan-pratique.fr/
Ensuite, euh, alors, alors, ce serait plutôt en fin pour l’instant, j’ai fait une longue digression pour évoquer la cause animale, le végétalisme, le véganisme, vous aurez probablement pas le temps de tout lire des docs conseillés ni de tout écouter le podcast si vous découvrez, je vais arrêter là mon claviardage pour aujourd’hui et je développerai un peu la semaine prochaine la suite de la réflexion de ce que je voulais vous écrire aujourd’hui. Mais si vous voulez savoir dès maintenant, c’est ce que j’ai évoqué en introduction, et en bref, c’est sur les faits et l’interprétation des faits, le souci des connaissances non mises à jour, de l’ignorance des progrès dans les connaissances, le souci de la désinformation et l’exercice du doute à cultiver ; autant sur le plan de ce qui peut être connu de tous, des connaissances scientifiques, avec critiques de certaines interprétations et critique de la « rationalité » du système qui fait des Bill Gates (donnant en partie raison à la critique faite par Bill Gates d’intox que l’on trouve sur le web tout en critiquant sa propre prétendue rationalité, la « rationalité » du système qu’il a servi et sert), que les concepts tel que le karma et autres thèses prétendant « rationaliser » le sens de l’existence, prétendant être une clé de compréhension du sens de l’existence, de la part de mystère, de l’extrapolation de « l’inconnaissable » se basant sur une rationalisation / des explications contestable/s d’un certain point de vue, ainsi que le souci des diversions, de ce qui nous éloigne de l’urgence de ce que je pense nous devrions faire à titre collectif. Mais aussi de ce qui permet de s’aérer l’esprit pour essayer d’être constructif, de la complexité d’aboutir à une révolution paradigmatique, des parts de colibris et des synergies. Et de ce que je considère être de l’ordre de la vraie Justice.
Bon week-end, à la semaine prochaine !