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Sirwen et Astrysh sont dans une pièce où il y a un carton au sol près d’une table mise dans un coin, des pots en dessous. Deux cartons sont dessus, de part et d’autre des sacs de riz, de lentilles, de haricots rouges, de pois chiches, de farine, de pommes et de raisins secs, et quelques papiers sur lesquels sont imprimés une lettre dont les spectateurs devraient pouvoir deviner le logo « Utopistes ».
Sirwen donne 27 coups sur un tambour, huit séries de 3, une de 2 et une de 1.
Sirwen : « Super, j’aime bien le son que fait ce tambour chaman végan,
merci Astrysh pour le cadeau, je m’en servirai pour me défouler, exorciser,
mais aussi à chacune des réunions, pour inaugurer, consacrer. »
Astrysh : « Avec plaisir Sirwen, et euh, pour revenir aux cartons d’aliments,
j’ai des scrupules d’y ajouter nos tracts en pareilles circonstances. »
Sirwen : « Idem, mais même si cela peu paraître limite indécent pour les endeuillés,
ils devraient comprendre l’intention, que c’est pour en éviter d’autres, de la résilience,
que sur les cendres, passée l’affliction, tel tuteur, pour du meilleur, cela peut être une opportunité. »
Deux personnes rentrent dans la pièce. Une femme vêtue d’un t-shirt et pantalon noir et un homme d’un t-shirt gris et d’un pantalon beige, une besace végane en bandoulière.
La femme : « Bonjour ! Désolé pour le retard, nous venons prêter main forte ! »
Sirwen : « C’est vous qui m’avez écrit avoir eu une révélation, en quelque sorte,
après avoir lu une de nos affiches, que cela entrait en résonance avec vos préoccupations ? »
Les deux acquiescent. L’homme sortant deux sacs de denrées et des billets de sa besace :
« Oui, et euh, ceci dit, pour mettre cartes sur table, me taraude une question,
même si je pense que la réponse va de soi, que dans l’absolu pas besoin de la poser :
c’est pas un peu contradictoire de vouloir créer une société sans argent, ou au moins une révolution de l’économie,
mais d’avoir besoin, pour ce faire, de dons, de compter sur les rouages classiques de l’économie ? »
Astrysh, secouant la tête : « Ah, si vous savez déjà que la réponse va de soi, a-t-on besoin d’expliciter ?
Si on considère que le système est un océan, il faut composer avec, pour en changer.
Bon, la comparaison se discute, mais l’important c’est d’être d’accord sur où on veut aller
et de comprendre les besoins, les difficultés et la stratégie pour essayer d’y arriver. »
La femme donnant une petite tape sur le crâne de l’homme :
« Pardonnez-le, il ne peut s’empêcher de jouer le capitaine évidence,
et bon, euh, vous avez besoin d’aide pour les cartons ? Par quoi on commence ? »
Sirwen fait oui de la tête en montrant la table :
« Nous préparons un envoi pour la Turquie et un pour la Syrie,
puis nous mettrons des graines en pot, en prévision du printemps,
pour lancer les incroyables comestibles ici, l’esprit de leur mouvement. »
Pendant que Sirwen, que l’homme et la femme s’affairent, Astrysh consulte un téléphone portable, le dos tourné à la scène, et lorsqu’il se retourne, se tourne vers le groupe, il a le teint un peu livide.
Astryh : « J’ai reçu la notification d’un média dédié à l’écologie,
alertant à propos du glacier de l’apocalypse, son état, sa fonte à se briser.
Bon, le surnom du glacier Thwaites est peut-être exagéré,
mais c’est un signe révélateur de l’urgence, des hors contrôles rétroactions. »
La femme : « Nous avons songé à rejoindre le groupe Extinction Rébellion,
peut-être se joindre à de leurs actions tout en militant pour une révolution de l’économie ? »
L’homme : « Oui, ceci dit, n’oublions pas, comme un ancien président du GIEC l’a dit,
il y a une cause plus importante à défendre que les problèmes environnementaux :
celle du respect de la vie, et même si quand il l’a dit il pensait surtout à moins de cadavres d’animaux,
il ne faudrait pas en délaisser pour autant l’aspiration au véganisme, quand possible, pour l’humanité. »
Tous acquiescent.
Astryh : « Je suis entièrement d’accord, il faudrait que nous puissions militer
à la fois pour les soucis environnementaux, le besoin de système viable, de révolution de l’économie,
et pour le véganisme pour l’humanité, favoriser ce qui permettra un tel mode de vie,
c’est d’ailleurs notre projet, le mobile du groupe des Utopistes, des idéaux à concrétiser.
Toujours est-il que savoir que le glacier de l’apocalypse est sur le point de céder
et que pendant ce temps la plupart ne s’en soucient pas, c’est décourageant. »
Sirwen : « Oui, mais ne nous laissons pas décourager pour autant,
faisons de notre mieux tant que nous sommes encore vivants,
advienne qu’adviendra, et puis nous pouvons en faire un argument
pour sensibiliser, pour la prise de conscience, éveiller des gens,
faire passer à l’action, multiplier les actions, au fil des instants. »
Tous acquiescent et continuent leur tâche. »
Œil d’aigle prit quelques gorgées de sa tisane, les yeux rivés sur l’écran, les leva ensuite au ciel, du moins au plafond, en pensant à moi et à la tâche que nous nous étions donnée, puis alla se reposer.